Voilà presque 18 mois que nous avons installé notre composteur.
Ce dernier nous a été fourni gratuitement par notre centre de tri, le CYCLAD (anciennement SMICTOM Vals Aunis), dans le cadre d’un projet de réduction des déchets sur le territoire qui couvre la partie nord de la Charente Maritime.
Fin 2014, le territoire était lauréat avec 57 autres candidats de l’appel à projet « Zéro Déchet, Zéro Gaspillage » lancé par le Ministère de l’environnement.
Le programme 2014-2020 du Cyclad est très clair :
- Réduire les ordures ménagères de 15% (avec un objectif de -5kg par habitant et par an). En 2014 chaque personne du territoire produisait 195kg de déchets ménagers par an. Pour 2020 il est prévu que chaque personne n'en produisent plus que 165kg par an.
- Augmenter le tri des emballages de 30%.
- Ajouter des filières de recyclage en déchetterie.
- Equiper tous les foyers du territoire en composteurs (déjà en place depuis 2008).
C’est ce dernier point qui m’a intéressé quand nous avons emménagé dans la région.
Nous commencions l’aventure Zéro Déchet et s’il y avait bien un poste à réduire en premier c’était bien celui-là !
Les bio déchets représentent entre 30% et 38% de notre poubelle et les incinérer est un des plus grands non-sens de tous les temps !!
Imaginez si on retirait tout ce qui se trouve au sol en forêt !? Les feuilles mortes, les glands, les fruits mûrs, les cacas d’écureuil, les insectes, toussa toussa !! Bah elle ne vivra pas longtemps votre forêt !
Ce sur quoi vous marchez pendant votre promenade est de l’humus … du compost !!!! Ni plus ni moins !
En revalorisant ses propres déchets, la forêt les transforme en humus et augmente alors la fertilité de ses sols pour faire pousser à nouveau tous les végétaux.
C’est un cycle sans fin de la revalorisation d’un écosystème complet !
Une mécanique parfaite !
Chaque chose est à sa place et chacun a un rôle bien précis pour mener à bien le processus.
Composter chez soi, c’est fabriquer une sorte d’humus pour enrichir son jardin, son potager sans avoir à utiliser d’engrais chimique.
On obtient alors un produit sain et de qualité ! Et ça, de nos jours, croyez-moi … c’est rare !
Et en prime ça coûte … QUEDALLE !!! Et ça aussi de nos jours c’est rare !
D’ailleurs, sachez que chez nous, en 2013, 22000 foyers étaient équipés d’un composteur. Selon le Cyclad ils ont permis de traiter 900 tonnes de bio-déchets en une année. Sachant que la tonne incinérée coûte 150€ … je vous laisse faire le calcul !
Et ça, croyez-moi ça me fait doucement rigoler !
Pourquoi ?
Parce que je ne cesse d’entendre les gens se plaindre que les taxes ordures sont trop chères. Que puisque c’est ça bah ils ne vont certainement pas s’embêter à trier et encore moins à réduire !
Ils n’ont clairement pas compris que ce qu’ils payent … c’est justement ces poubelles qu’ils sortent chaque soir sur leur trottoir !!!
En réduisant nos déchets c’est moins de ramassage, moins d’incinération, moins d’enfouissement … et donc moins d’euros !!
Ça coûte cher tout ça !
Alors quoi de mieux pour réduire de manière significative ses déchets que de COMPOSTER !!!
En plus c’est vachement sympa ! Si si !!
Je t’explique !
A la maison le mieux c’est d’avoir un compost en bac.
En tas, à moins d’avoir un grand terrain … bof ! Ça attire les bestioles pis c’est exposé au vent etc.
Donc tu poses ton bac a même le sol de ton jardin.
Pas trop loin de la maison mais pas sous tes fenêtres non plus hein !
Niveau équipement il ne faut pas grand-chose :
- Le composteur donc (Nous avons un 400L pour 4 personnes)
- Un seau pour la cuisine
- Un aérateur : c’est une sorte de bâton portant deux ailettes en acier qui se replient quand on plante la tige dans le compost et qui se déploient quand on la retire. Cela permet d’aérer facilement le compost sans trop le brasser.
Tu places le petit seau dans ta cuisine. Certains le planque dans un placard. Moi j’ai choisi de le mettre au sol près de mon évier.
Je cuisine beaucoup et je n’ai pas le temps d’ouvrir 50 fois mon placard pour déposer mes bio-déchets.
Donc le seau au sol et hop hop hop j’y jette tout au fur et à mesure !
Tous les soirs ou à chaque fois qu’il est plein … je vais le vider dans le bac au jardin.
Je ne vais pas trop rentrer dans les détails car le compostage reste quand même quelque chose de technique. Et pour ça il y a ce site ultra complet qui m’a beaucoup aidée et qui répondra (bien mieux que moi) à toutes vos questions : www.magiciencomposteur.com .
Néanmoins, par retour d’expérience, je dois vous avouer que j’ai imaginé quelque chose d’hyper compliqué à gérer ! Et bien pas du tout !
J’ai même trouvé ça très facile.
Je ne m’en suis pas spécialement occupé à vrai dire. J’ai fait confiance à la nature.
J’ai néanmoins veillé à ce qu’il soit aéré et suffisamment humide pour que le processus fonctionne.
J’ai donc jeté mes bio-déchets au fur et à mesure de notre consommation.
Ça nous a d’ailleurs donné envie de manger plus de fruits et légumes même si nous en consommons peu au final. Chez nous on aime les pates !! XD
J’ai alterné les déchets azotés (les frais comme les épluchures … et Dieu sait qu’elles sont nombreuses !!) et les déchets carbonés (le sec comme le papier, le carton des rouleaux de papier toilette, les feuilles mortes, le pain rassis…)
Sachez que dans un compost vous pouvez déposer les cheveux, les ongles, le sopalin, les cotons tiges en papier, les carapaces de crevettes (sans la tête)… et là je pense à ma pote Delphine. J’ai rapporté tous les bio-déchets du nouvel an !! Y’en qui rentrent du réveillon avec 3 grammes d’alcool dans le sang, nous on est rentré avec une poubelle de bio-déchets !! PTDRRRRR
Bon revenons à nos moutons.
L’astuce est de déposer de l’azote et de recouvrir d’une couche de carbone. Comme ça pas d’odeur ou de bestioles volantes.
Vous pouvez aussi vous procurer gratuitement de la sciure dans une scierie près de chez vous, la stocker dans un seau fermé près de votre compost et d’y jeter un bol à chaque dépôt d’azote.
Les bêbêtes vont adorer ça !
Lorsque vous commencez votre compost … votre tas va rapidement monter. Vous pouvez le commencer n’importe quand mais l’idéal est tout de même à la fin de l’hiver.
Les bestioles sortiront bientôt d’hibernation, au début du printemps, et auront la dalle !!
Elles seront contentes de voir ce nouveau tas de bouffe géant ! :-)
Ensuite, vous verrez très rapidement de nombreux locataires au sein de votre dépôt.
Des bébêtes, des vers, voire … des souris !
Je me suis aperçue récemment que j’avais une galerie de souris en dessous. Ça ne me dérange pas … sauf quand elles rentrent dans la maison. Mais ça techniquement ça n’arrive pas.
Elles cherchent juste un endroit chaud et plein de bouffe … le compost est donc idéal !
En dehors de ça elles font des galeries dans le compost et ça c’est très bon … ça l’aère ! :)
Mais pas d’inquiétude, comme je vous le disais plus haut, le fait de composter en bac limite grandement l’invasion de bestioles.
Je le répète parce que c’est souvent l’argument premier des réticents au compostage.
Une fois le logement en place, les locataires ayant emménagé et vous, fournissant régulièrement le couvert … le processus va pouvoir commencer.
Les bébêtes vont commencer à grignoter les bio-déchets qui vont se transformer en or noir !
Pour un compostage en bac il faut compter en un an et dix huit mois pour obtenir de la matière.
J’ai donc commencé le mien début juillet 2014. Au milieu de l’été 2015 le volume de bio-déchet à l’intérieur approchait le rebord ! Je me voyais déjà en fabriquer un deuxième ! Arg !
Et puis en septembre … POUF … tout est tombé !
Il a fait très chaud alors il y a dû avoir une montée de température ou je sais pas quoi et ça a accéléré le processus je pense. Même si un composteur domestique ne chauffe pas tellement contrairement à un industriel !
Du coup le tas a réduit de plus de la moitié. OUF.
Quelques semaines plus tard, la sympathique Julie du Cyclad est venue me rendre visite afin de contrôler la décomposition dans mon composteur.
Elle en était plutôt satisfaite.
Hormis les derniers dépôts, il n’y avait plus de bio-déchets identifiables au sein du tas. Preuve de leur dégradation.
En le remuant on sentait une bonne odeur de forêt après la pluie … l’humus. ! J’adore !!
Voici le compost en mars 2015 sur la première photo et aujourd'hui, janvier 2016 sur la deuxième photo :
Du coup, pour une première expérience je suis vraiment contente.
Il suffit de pas grand-chose pour foirer un compostage mais bon c’est à la portée de tous.
Suffit de surveiller, de humer, de remuer doucement … de l’aimer !
Je pense que ça se fait vraiment au feeling. Les informations du Magicien Composteur sont idéales pour bien appréhender cette pratique.
Je vous invite donc, si ce n’est pas déjà fait à vous lancer dans l’aventure.
Pour ceux qui sont en appartement, je ne pourrais pas vous donner d’informations sur le lombricompostage … du moins pas suffisamment pour vous lancer convenablement.
Néanmoins, il existe un forum dédié à ça sur le site de La Boite à Terre.
Ils proposent des lombricomposteurs en bois qui sont d’ailleurs à préférer aux modèles plastiques puisqu’ils régulent d’eux même le taux d’humidité.
Bien qu’un peu plus onéreux, ils sont largement plus jolis et passent parfaitement inaperçus dans votre logement. Si vous ne le dites pas, personne ne se doutera que ce ne sont pas vos culottes dedans ... mais bel et bien des vers!!. XD
Concernant le compostage des matières organiques … corporelles ... autrement dit les excréments … lol … je reviendrai là-dessus dans un autre article car j’y parlerai de la litière pour chat.
Elle peut également concerner les possesseurs de toilettes sèches.
J’espère que cet article vous a quelque peu renseigné, éclairé ou convaincu.
Le compostage est une notion sensible à ancrer dans les mentalités modernes.
En ce qui me concerne, lorsque j’étais enfant, je passais toutes mes vacances à la campagne alors tout ceci me semble normal !
Je peux donc comprendre que ça ne le soit pas pour tous les citadins.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas !
A bientôt !
Elo ;-)
Crédits photos : La Boîte à Terre (avec leur aimable participation :-)